Le 2PAI-BELIER en bref
Le Projet de Pôle Agro-Industriel dans la région du Bélier (2PAI-B.E.L.I.E.R) a été identifié dans le cadre du dialogue entre la Banque Africaine de Développement et le gouvernement de la Côte d’Ivoire visant la transformation du secteur agricole selon une approche innovante.
Il ambitionne de mettre en place le socle d’un pôle agro-industriel pour transformer et moderniser l’agriculture dans la région du Bélier grâce à la restauration et au développement du capital productif, la modernisation des moyens de travail du sol et de communication (TIC) et la promotion du secteur privé et de l’industrialisation. Il s’adresse aux contraintes majeures auxquelles les acteurs sont confrontées (voir ci-dessus) au niveau des filières porteuses identifiées avec les populations bénéficiaires (riz, légumes, maïs, manioc, poisson et porc), avec plusieurs axes d’intervention : (i) la restauration/développement du capital productif ; (ii) le renforcement des capacités et organisation/structuration des acteurs afin qu’ils prennent en main leur propre développement ; (iii) l’appui à la sécurisation foncière ; (iv) l’appui en techniques de production ; (v) l’appui à l’accès aux facteurs de production (semence, engrais, etc.) ; (vi) la mise en place d’un cadre d’appui technique et financier pour accompagner/inciter les initiatives privées (plans d’affaires, financement des micro-projets) ; (vii) l’appui pour la mécanisation/motorisation des activités agricoles ; et (viii) l’appui pour la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Le projet sera fondé sur l’approche chaine de valeur et d’intégration sectorielle pour créer un environnement propice à l’implication des opérateurs privés, à l’emploi des jeunes et des femmes, et obtenir un impact durable sur le développement local. Il devrait amorcer l’industrialisation de la région par la mise en place d’un cadre d’assistance technique et financière, la promotion des investissements privés et la mise en œuvre de plusieurs programmes ambitieux de mécanisation, d’emploi des jeunes et de promotion du capital humain.
L’objectif sectoriel du projet est de contribuer à l’accroissement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle. L’objectif spécifique visé est de contribuer à l’émergence d’un pôle agro-industriel dans la région du Bélier à travers une dynamisation des filières agricoles porteuses et une implication accrue du secteur privé, des jeunes et des femmes. Le projet d’une durée de cinq ans sera articulé autour de trois composantes : (A) Restauration du capital productif ; (B) Développement des chaines de valeur ; et (C) Gestion du projet.
Le 2PAI-Bélier couvre la région administrative du Bélier et le District Autonome de Yamoussoukro. Cette zone jadis prospère, connait un déclin économique depuis trois décennies. Le taux de pauvreté est passé de 41.4% en 2002 à 56% en 2008. La malnutrition chronique est jugée sérieuse avec un taux de 30,2 % (SMART 2011) tandis que celui de la malnutrition aiguë est à la limite du seuil d’alerte avec un taux de 9,3% (EDS, 2012). Ces taux reflètent une situation nutritionnelle assez préoccupante dans la zone, eu égard au seuil d’une situation acceptable de malnutrition chronique qui est de 20%. En ce qui concerne la sécurité alimentaire, la zone du projet a un niveau assez faible d’insécurité alimentaire avec 15% des ménages sous pression alimentaire pendant les périodes post récolte et 21% des ménages pendant la période de soudure.
Description de la composante A
Les investissements prévus dans cette composante sont les suivants :
Aménagements hydroagricoles : réhabilitation de 3 barrages, d’environ 1 835 ha de périmètres irrigués/bas-fonds rizicoles et de 335 ha de périmètres maraichers.
Infrastructures socio-économiques : Réhabilitation de 700 km de pistes; réhabilitation/extension de 20 écoles en salles de classe et cantines scolaires ; équipement de 30 structures sanitaires en matériels de dépistage de la malnutrition, mise en place de 05 unités de nutrition thérapeutiques, de 20 unités de nutrition thérapeutique ambulatoire, et de 28 unités de nutrition et de supplémentation ; réparation de 100 pompes manuelles, installation de 50 nouveaux forages équipés de pompes à motricité humaine, réhabilitation de 10 systèmes HVA, mise en place de 15 nouveaux systèmes HVA, extension de 2 systèmes AEP, construction de 30 latrines.
Infrastructures de stockage et de commercialisation : construction de 4 centres de groupage des produits agricoles, réhabilitation de 17 marchés ruraux, construction de 10 magasins de stockage des produits vivriers, de 20 aires de séchage de riz et de 15 locaux pour entreposage des produits maraichers.
Infrastructures d’élevage : aménagement de deux zones pastorales pilotes ; construction d’un abattoir, réhabilitation de 3 abattoirs et aménagement des marchés de bétail annexes, construction de 4 boucheries modernes, de 4 aires d’abattage de porcs, et de 2 points de vente de viande de porcs, distribution de kits d’élevage de basse-cour à 250 femmes, développement de 2 fermes de multiplicateurs d’alevins, opérationnalisation des marchés à poisson, installation de 50 pisciculteurs et d’une vingtaine de parcelles de rizi-pisciculture, équipement en unité de fabriques d’aliment.
Volet Energie : construction d’une ligne électrique souterraine 33 kV à partir du poste actuel Yamoussoukro-Zone industrielle pour renforcer la capacité de la zone industrielle et construction d’une seconde ligne 33 kV (32 km) à partir de l’actuel poste de Yamoussoukro au poste de Didiévi pour sécuriser l’approvisionnement en énergie du département.
Description de la composante B
Les investissements prévus dans le cadre de cette composante :
- Sécurisation foncière :
- appui aux mécanismes en place pour la clarification foncière et la délivrance de certificats fonciers ;
- formation des acteurs (actrices) ;
- délimitation d’une dizaine de territoires villageois.
- Organisation et structuration des acteurs (actrices) :
- renforcement de capacité d’environ 42 Sociétés coopératives et de 40 groupements de producteurs incluant les unions au niveau de la région ainsi que les interprofessions (riz, maïs, manioc) en cours de création.
- renforcement des capacités techniques des acteurs pour la prise en compte du genre ;
- renforcement de l’alphabétisation des populations féminines ;
- appui à l’autonomisation des femmes et des jeunes filles et au développement de l’entreprenariat féminin.
- Appui à l’emploi des jeunes diplômés :
- mise en place d’un programme d’emplois de 800 jeunes garçons et filles :
- renforcement de l’offre pédagogique et l’infrastructure technologique des 5 institutions de formation professionnelle de la région (dont INPHB-ESA) ; et
- mise en place d’un dispositif d’incubation des jeunes entrepreneurs porteurs de projets dans la chaine de valeurs agricole pour favoriser l’émergence de microentreprises.
- Appui technique et managérial des acteurs :
- élaboration et mise en œuvre d’un programme de production de semences;
- élaboration et mise en œuvre d’un programme de diffusion de bonnes pratiques de production ;
- assistance technique pour appuyer les promoteurs à affiner leurs études de faisabilité et leurs plans d’affaires.
- Fonds de développement des chaines de valeur :
- appui financier en vue du financement des PME agricoles ; et
- assistance technique pour le développement et le marketing de nouveaux produits financiers.
- Mécanisation agricole :
Programme d’appui à la mécanisation incluant l’acquisition de machines agricoles (incluant fabricants, concessionnaires et services financiers), et le renforcement des capacités techniques et organisationnelles des utilisateurs.
- Promotion de l’industrie agro-alimentaire :
- appui à la redynamisation de la zone industrielle de Yamoussoukro et aux initiatives privées ;
- appui aux unités agro-industrielles communautaires dont celles des femmes (étuvage du riz, transformation de manioc, etc.) ;
- appui à la mise en relation/contractualisation entre industriels et producteurs ;
- étude de création d’une technopole autour de l’INPHB de Yamoussoukro et la zone industrielle.
- Promotion des technologies de l’information et de la communication :
- mise en place d’un socle infrastructurel en termes de téléphonie, internet et mobilité ;
- appui au Système d’Information des Marchés Agricoles.
- Appui à la nutrition :
- formation de 60 agents de santé, médecins, infirmiers et sages-femmes ;
- mise en place de structures de prise en charge et d’outils de dépistage de la malnutrition ;
- campagnes de dépistage de la malnutrition, promotion de l’allaitement maternel ;
- émission radio axée sur les bonnes pratiques de nutrition en langue locale;
- appui technique (formation, assistance technique, logistique) pour la mise en place d’un système de contrôle sanitaire des aliments et pour la mise en place d’un programme de biofortification.
- Appui à la commercialisation:
- modernisation des marchés (composante A) ;
- organisation des marchés et appui à leur fonctionnalité ;
- appui à l’acquisition des moyens de transport et de conservation et d’entreposage adaptés.
- Appui institutionnel :
Appui aux structures partenaires au Projet pour les rendre plus efficientes, et leur permettre d’assurer de façon durable la mise en œuvre des activités qui leurs sont assignées.
- Appui à la mise en œuvre du Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES)
- mise en œuvre des mesures d’atténuation et de bonification ;
- application de bonnes pratiques (qualité des travaux; clauses environnementales et sociale durant les travaux, bonnes pratiques agricole durant la phase d’exploitation, assurer l’entretien des ouvrages, etc.),
- mise en place de mécanismes de suivi, afin d’évaluer les perturbations hydrologiques, les problèmes d’érosion hydrique ou les problèmes de qualité des eaux ou des sols ;
- Conception et mise en œuvre d’un programme d’information, de sensibilisation et de renforcement des capacités des producteurs sur les risques associés aux fertilisants et pesticides.
- mise en place des cadres de concertation fonctionnels regroupant l’ensemble des parties prenantes du projet, impliquant les femmes et des jeunes.
- Prévision des mesures de protection sur les essences protégées ou rares
- Respect des sites culturels, les us et coutumes
Description de la composante C
Le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) est l’Organe d’exécution du Projet et une Equipe de Coordination du Projet (ECP) est chargée de coordonner les activités du Projet. Cette composante prévoit des appuis techniques et matériels pour le bon fonctionnement de l’Equipe de Coordination du Projet et des renforcements de capacités en coordination, contrôle rapproché, suivi et évaluation de l’ensemble des activités du Projet, audit, activités d’information et de communication.
Coût du projet
Le projet est financé par (i) un prêt BAD de 64,36 millions d’Euros (50,56 millions d’UC), un don FAD de 3,4 millions d’UC, et un prêt FAD de 26,04 millions d’UC soit un montant total de 80 millions d’UC (82,5% du coût total), et (ii) la contrepartie du Gouvernement et des bénéficiaires à hauteur de 17 millions d’UC (14,1 milliards de FCFA), soit 17,5% du total.